sexta-feira, 7 de dezembro de 2007

L'élection du nouveau président libanais est dans l'impasse


Le mutisme et les traits tirés du ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, en disaient long, jeudi 6 décembre, sur l'impasse de sa médiation dans les négociations interlibanaises à propos de l'élection d'un nouveau président de la République.

Malgré leur accord sur le candidat idoine en la personne du commandant en chef de l'armée, le général Michel Sleimane, opposition et majorité parlementaires continuent de se déchirer sur des questions politiques et procédurales. Sauf coup de théâtre de dernière minute, la réunion, vendredi 7 décembre, du Parlement pour adouber M. Sleimane avait toutes les chances d'être un coup d'épée dans l'eau ou d'être reportée.

Les opposants continuaient d'exiger, avant d'approuver un amendement constitutionnel permettant aux députés d'élire M. Sleimane, une entente préalable avec la majorité sur la période post-électorale. La majorité s'y oppose. Le député Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre (CPL), qui s'est érigé en héraut des opposants sur la question présidentielle, a réaffirmé, jeudi, que l'entente devait impérativement se fonder sur une "initiative salvatrice" qu'il a lui-même lancée le 22 novembre.

Cette "initiative" prévoit la réduction, à titre exceptionnel, du mandat du président à un peu moins de deux ans – au lieu de six –, c'est-à-dire jusqu'aux élections législatives prévues au printemps 2009. L'impétrant devra respecter un "document d'entente" que le CPL a conclu en février 2006 avec le Hezbollah et qui établit les principes de base de fonctionnement des institutions.

CONDITIONS "RÉDHIBITOIRES"

L'"initiative" dispose aussi que le premier ministre devra être choisi à l'extérieur du Courant du futur (majorité) dirigé par Saad Hariri, chef du plus important bloc parlementaire. L'opposition se voit attribuer 45 % des portefeuilles ministériels – dont deux régaliens, sur un pied d'égalité avec la majorité – au sein d'un futur gouvernement d'union nationale.

Le choix du commandant en chef de l'armée et des chefs des services de sécurité et de renseignements devra faire l'objet d'une entente. M. Aoun menace d'accroître le nombre de ses exigences. Ses alliés au sein de l'opposition, notamment le Hezbollah, disent se ranger derrière lui.

Pour la majorité, ces conditions "rédhibitoires" reviennent à barrer la route à l'élection de M. Sleimane. Elle refuse de se lier les mains et celles du futur chef de l'Etat par des engagements, dont certains enfreignent les procédures constitutionnelles. Le candidat Sleimane, lui aussi, n'accepte pas de se faire dicter par avance ses agissements et affirme vouloir, une fois élu, tenir pleinement son rôle de chef de l'Etat.

Certains membres de la majorité se disent convaincus que l'opposition fait le jeu de la Syrie et de l'Iran, qui cherchent à monnayer la présidence libanaise auprès des Occidentaux.

L'élection d'un président butait par ailleurs sur des divergences au sujet de la procédure de révision de la Constitution. Celle-ci prévoit un passage inévitable par le gouvernement dirigé par Fouad Siniora. Les opposants estiment pouvoir contourner cette équipe ministérielle qu'ils considèrent comme illégitime depuis la démission, il y a plus d'un an, de six ministres, dont les cinq représentants de la communauté chiite. La majorité conteste cette lecture du texte.

Sept visites à Beyrouth, avec l'appui de plusieurs gouvernements arabes et occidentaux, n'auront pas à ce jour permis ni à M. Kouchner, ni à d'autres bons Samaritains, de venir à bout des antagonismes.

Sem comentários: